La légende de la belle Salie Corne.
La bise lui soufflait le visage comme une caresse aux tons nacrés
Glissant suavement entre ses longs cils aux pointes recourbées.
Les paupières éteintes, les mains vides, elle se faufilait à peine
Entre les pierres teintées de brusques sautes de mer blêmes.
Douce Salie Corne aux cheveux de sel
Accrochée à mes rêves tu es encore plus belle.
Sa robe de soie crème vibrait au son scintillant des effluves marines,
Et dessinait aux cœurs de la fétuque, du cresson et des aubépines,
Sous les cris amers de goélands, des veines de craie discrètes
Parcourant l’Olympe et disparaissant en haut de la plus haute des crêtes.
Douce Salie Corne aux cheveux de sel
Accrochée à mes rêves tu es encore plus belle.
Plus loin de l’estran jaillissaient des filets de lumières fantastiques,
Pendant que le vent de Noroît transportait de fluctuants relents d’orchidées.
Des essaims de sternes et de mouettes rieuses donnaient la réplique,
Au-dessus d’un lit de solitude, aux âmes de marins qui s’effilochaient.
Douce Salie Corne aux cheveux de sel
Accrochée à mes rêves tu es encore plus belle.
La houle secouait dans les moindres recoins les abords de la falaise
Où la belle Salie Corne, ange sauvage de mes pensées, rêvait de s’allonger.
Au moment où je voulu lui parler, elle se dirigea vers l’abyme, apeurée.
Elle disparu sur le champ, se laissant couler vers les vagues obèses.
Douce Salie Corne aux cheveux de sel
Accrochée à mes rêves tu es encore plus belle.
Aujourd’hui encore aux abords du cap, les soirs de tristesse
On entend parfois chanter la belle Salie Corne le cœur en détresse
Je revins souvent sur ce lieu admirer du Petit Blanc-Nez la Manche.
La belle Salie Corne avait laissé à cet endroit un cœur de pierre blanche.
Extrait de "Au vent de vos sarcasmes", 2011